Pour un
philosophe, je ne sais pas si pour un psychologue, un théologien, théoriser sur
l’âme des hommes, même de celle des
bêtes, n’est pas très difficile.
Pour un pauvre
Suisse transnationné en Falietsan, un Suisse à la diaspora, qui fait son
pèlerinage MOTSEIROSO EINSIEDELN, c’est assez avec une simple dissertation d’autodidacte.
Pour moi, l’âme,
l’intelligence ,l’esprit ,sont un tout plus ou moins homogène, peut-être un
pêle-mêle…….mais ça marche, ça fonctionne !.
Empathie ,mémoire
sélective, contrôle de l’instinct……ce sont des attributs autant de l’homme que
d’un certain nombre de bêtes.
L’on parle de la
mémoire grandiose d’un éléphant……….mais les chiens, les chats, les chevaux,
plus proches à notre quotidienneté, montrent aussi assez d’âme.
Même les vaches,
que l’on considère le symbole de la stupidité( le « du, dommi Kchu/dumme
Kuh……toi, vache sotte », des enfants alémaniques), nous offrent des exemples d’avoir un âme.
-Komm, Lola,
Komm !, et Lola II ,une vache frisonne d’élevage allemand, qui regardait
l’horizon avec des yeux tristes ,immobile, sans s’intégrer au troupeau des
autres cent vaches qui sautaient, se battaient, même se caressaient( se
frottaient entre elles),est venue tout près de moi. J’ai caressé sa nuque, sa face à la manière dont nous (les
enfants cantabriques) avions caressé le bétail de nos familles .Lola se sentait
tout à son aise !.Elle ne voulait pas retourner au groupe des autres
vaches !.
-Tu
vois ?.Lola n’a pas oublié son allemand !.Elle est sans nulle doute
une vache bilingue !.Elle se souvient encore des temps anciens, comme le
poète, et elle pleure…..au moins est si
triste que tu devrais lui rendre une attention particulière !. Je suis
sûre qu’une vache, Lola par exemple, a une âme et des sentiments !.
Ha, ha, ha !
.Voilà le missionnaire frustré!.Le riche fermier, ANTON JUNIOR, se montrait
très sûr de la situation :pour lui, Lola II n’était qu’une machine
laitière !.
Les allemands
sont un exemple pour nous !.Même le nom, Lola II, montre la manière
effective dont ils travaillent !.Une fois enregistrée Lola, tu n’as que
frapper le numéro de la séquence :I-II-III-IV-V-VI,etc !.Comme les
Papes et les Rois !.Ici l’on perd de son temps avec de noms très
ridicules :CACHORRA(petite bête),CARDOSA(grise), TEVERGA( un village des
Monts Cantabriques),etc !L’on ne se profite pas de l’ordinateur !
-Le fermier
était un parmi les millions d’espagnols qui voulaient oublier que Franco, père de la
démocratie espagnole ,n’était mort que depuis 1975, vingt ans auparavant ,et
dans son lit !.
-Ecoute !,
se vanta-t-il .Trois années en Allemagne, sept mille litres tous les années !.Trois
mois ici ,deux mille litres !.Une année pour l’amortissement ,deux années
d’une grande rentabilité ,et une demie année pour payer Lola une autre
Lola !.Une affaire d’or !.
-Tu te souviens
encore de votre CAPITAINE ?.
Quoi ?. Sa face devint rouge, car il n’espérait pas ma
contre-attaque.
Viens ,CAPITAINE,
viens !,cria ANTON SENIOR(le père de ANTON JUNIOR) dès la fenêtre du premier étage de la maison,
et la vielle vache et ses quatre collègues défilaient au galop pour
s’introduire dans l’étable ,au rez-de-chaussée.
1964.ANTON SENIOR
allait mourir en quelques mois ,d’un cancer de poumon .Mais il se sentait très
bien quand il regardait dès la fenêtre de sa chambre la grande prairie
familiale et son bétail ,LA CAPITAINE en première ligne .ANTON JUNIOR ,de
quatorze ans, était l’espoir de son père pour suivre la tradition d’un héritier mâle pour le maintien du
domaine.
CAPITAINE était
épouvantable pour nous, les enfants qui chaque jour la voyons dans notre
chemin vers l’école : noire, corne
droite de taureau, corne gauche de bélier, visage menaçante ,le museau tordu
.Elle se battait avec les autres vaches, surtout avec celles du voisinage qui
allaient abreuver au ruisseau prochain
.Nous lui disons BICHE, pas dans le sens de femelle du cerf ,mais de bête
effroyable .
Les vingt années
d’histoire de CAPITAINE avaient été très productives :elle avait allaité
cinq veaux et dix génisses. Le reste du
lait, deux mille litres chaque année, valaient plus que sept mille litres
d’aujourd’hui , parce qu’ au système du barattage ,le lait de CAPITAINE donnait le triple de beurre qu’une vache frisonne.
CAPITAINE
traînait la charrue et le chariot à l’aide d’une autre vache .Quelques fois,
elle se sentait très fatiguée, surtout à l’époque de gestation .Mais après,
l’on la lâchait du joug et elle allait dans la prairie pour sauter, se battre,
manger, boire, courir
…
Les paysans
étaient cruels d’une manière contradictoire, parce qu’ils obligeaient les
vaches au travail dur et à la fois ils leurs donnaient une certaine catégorie
d’humanoïdes, de membres de la famille !
.
Par contre,
LOLA(1995) n’était qu’une machine laitière qui regardait dés ses yeux tristes
comme son maître conduisait le tracteur
qui traînait la charrue et le chariot !.
Deux mois avant
la mort de ANTON SENIOR, CAPITAINE avaient été vendue à LOUISON LE MARCHAND .La
tristesse était partout dans la famille : le père proche à la mort, la
vieille vache envoyée à l’abattoir !.
LOUISON était
venu de bonne heure un Samedi dimanche
pour transporter CAPITAINE à l’abattoir .Mais il devait aller recueillir
des autres vaches dans la même triste situation .La pauvre CAPITAINE aurait son particulier Chemin du Calvaire !.
L’après –midi,
nous, les garçons du petit village ,étions en promenade vers le village prochain quand nous nous sommes
rencontrés devant la taverne routière
avec des camions des marchands de bétail, qui là dedans buvaient et
bavardaient, plus ou moins enivrés.
LOUISON était à
la porte de la taverne avec une coupe de Calvados à la main :eh, ANTON, et
vous aussi, les garçons, venez ici !.Je vous invite pour LA RUBRIQUE de
CAPITAINE !.Malheureusement, ton père n’a pas pu venir avec moi !.
LA RUBRIQUE était
l’acceptation formelle et amicale de
l’opération achat-vente en buvant ensemble à la taverne.
-Toi, tu as vu
CAPITAINE dans le camion, avec des autres vaches !.Elle t’a regardé, nous
a regardé, d’une manières si triste que
toi, et nous, les autres garçons aussi, nous nous étions devenus tristes
et ……même nous avions éprouvé que nous étions cruels avec
CAPITAINE !.Tes yeux se sont remplis de larmes !.
Tais-toi, je t’en
prie !
-LOUISON t’a
dit :c’est bien triste qu’une
vieille vache, presque « une autre personne de la famille » soit
envoyée à l’abattoir. Mais c’est plus triste quand une personne que tu aimes
meurt……et il éclata en sanglots. Car sa femme était morte depuis quelques
mois,….avec un cancer, tel que ton père !.
Merde de
vie !.Il me regarda de manière cruelle, en m’épargnant la vie .Il se
sentait vaincu, il avait perdu son triomphalisme à l’allemande.
-Calme-toi, mon
ami, et pardonne-moi si je suis cruel !.Mai tu t’es enivré, pour la
première fois dans ta vie, et nous, les autres garçons, avec toi………devant le
sacrifice de la pauvre CAPITAINE !.
Tu as
gagné !.CAPITAINE avait une âme…..et les autres vaches, les autres bêtes
aussi !L’on va boire un verre de cidre pour une vie pleine de joie rurale
cantabrique ….et de modernisme allemand !.
- !Ha, ha,
ha !.Tu seras un bon politicien :aller à la foire et venir du
marché !.